Le projet
Pourquoi fermer le pont durant 3 semaines ?
Le 3 novembre 2020, le Pont Colbert était classé aux Monuments Historiques. Pour préparer au mieux la remise en beauté de cet ouvrage si cher aux habitants de Dieppe et véritable locomotive du tourisme historique normand, Ports de Normandie va réaliser prochainement un diagnostic complet du pont. L’objectif : analyser précisément la structure afin de déterminer, en concertation avec les Monuments historiques (DRAC), la meilleure façon de procéder pour rénover cet ouvrage, dans le respect de son histoire et selon un calendrier et un budget raisonnables.
Il sera donc fermé à la circulation routière et piétonne du 28 juin au 18 juillet 2021 inclus. Cette phase de diagnostic sera également utilisée pour tester et analyser les circuits et modes de déviation mis en place afin de les optimiser.

En quoi vont consister les tests et diagnostics prévus ?
- Sondage géotechnique des quais
- Essais de soudabilité
- Essais de plusieurs techniques de décapage de la peinture sur le tablier afin de trouver la technique la plus efficace et d’estimer les coûts de traitement des déchets amiantés
- Tests de colorimétrie en vue de retrouver la couleur initiale du pont et proposer au comité de pilotage une gamme de peinture.
- Comptage des véhicules et des piétons du 21/06 au 04/07
- Test et observation des dispositifs de déviation proposés (déviation routière, déviation piétonne, navette bus) afin de les optimiser en vue des travaux
Pourquoi faire tous ces tests ?
Nous avons 4 objectifs majeurs :
1. Respecter ce monument historique et les exigences des Monuments Historiques en appliquant des méthodes de rénovations adaptées
2. Faire en sorte que le chantier dure le moins longtemps possible (18 mois maxi. Les entreprises répondant à l’appel d’offre pourront, bien sûr, proposer un délai plus court qui sera valorisé dans l’analyse des offres (critère de choix).)
3. Affiner l’enveloppe budgétaire prévue (13 Millions €)
4. Identifier les circuits et modes de déviation qui répondent le mieux aux besoins des usagers et pénalisent le moins possible les riverains
Les chantiers de décapage des ouvrages anciens sont sujets aux aléas du fait de la pollution contenue dans les produits anticorrosion. Le chantier de peinture de la Tour Eiffel en cours nous incite à prendre beaucoup de précautions. En effet, malgré toutes les précautions prises dès la conception du chantier (protections collectives et individuelles, procédures renforcées de séparation des espaces, mesures permanentes), la société en charge de ce chantier, la Sete, a constaté le 3 février dernier une récurrence de prélèvements indiquant une augmentation des taux de plomb présents en surface, dans l'enceinte du monument, et a ordonné, à titre de précaution, aux entreprises en charge des travaux de suspendre le chantier de peinture. Nous souhaitons prendre le maximum de mesures en amont pour éviter de telles surprises qui entraineraient des surcoûts et un allongement de la durée du chantier.
Quel est le circuit de déviation prévu ?
Navette gratuite, déviations piétonne, routière et des lignes de bus. Retrouvez tous les circuits qui vous permettront de continuer à passer d’une rive à l’autre.
Pourquoi ne pas avoir procéder à ces tests pendant l’un des confinements ?
Ces tests doivent nous permettre d’observer les impacts des travaux sur la circulation et d’examiner si les solutions de déviation et de navettes que nous mettons en place sont appropriés. Par exemple, peut-être constaterons-nous qu’il faut sécuriser un carrefour par le biais d’un stop ou d’un feu car le report de circulation routière l’aura rendu dangereux. Nous avons également besoin de mesurer les impacts de la fermeture du pont sur les pratiques des usagers du transmanche de manière à pénaliser le moins possible ce trafic si important pour Dieppe. Enfin, nous prévoyons de faire un bilan de ces 3 semaines de fermeture avec les commerçants les plus directement concernés. Il est donc important de réaliser ce test dans des conditions « réelles » afin que les mesures d’ajustement correspondent le mieux possible aux besoins.
A terme, quels travaux sont prévus ?
Nous allons remettre en état la structure du pont qui est endommagée. Elle est constituée d’un mélange de fer puddlé d’origine et d’acier, suite à la restauration de 1945/46. Deux méthodes de restauration, validées sur leur principe par les Monuments Historiques, seront utilisées :
- - Réparation par soudure
- - Remplacement des pièces dégradées à l’identique par du rivetage à chaud
Nous allons également rénover la chaussée et la voie piétonne :
- - Suppression des caillebotis remplacés par des dalles en béton fibré ce qui permettra de réduire l’impact sonore du pont, de limiter les opérations d’entretien courant ultérieures et permettra la récupération des eaux pluviales transportant la pollution des véhicules (huiles et carburants),
- - Remplacement des trottoirs actuels par un trottoir plus large, accessible aux personnes à mobilité réduite.
Nous prévoyons également de réaliser des travaux sur le génie civil :
- - Reprise du pavage circulaire de la zone d’effacement du pont,
- - Restauration des escaliers, des butées et du couronnement de quai,
- - Restauration des maçonneries des quais en veillant à conserver la réparation par gros blocs suite au dynamitage de 1944 (trace mémorielle).
En ce qui concerne les bâtiments :
- - Restauration de la cabine de manœuvre, purge des éléments inutiles ne présentant pas d’intérêt historique, agrandissement de celle-ci en contre-bas pour accueillir les équipements de téléconduite et de sécurité,
- - Ravalement de façade du bâtiment des machines.
Enfin, l’opération comprend la mise en valeur de l’ouvrage par son éclairage nocturne :
- - Mise en lumière architecturale du pont (mise en valeur du mouvement du pont par la lumière)
- - Eclairage fonctionnel et discret du tablier et des passerelles piétonne
Après les travaux, comment sera manœuvré le pont ?
Concernant le mécanisme et la conduite du pont, nous avons prévu de conserver et de restaurer les organes de manœuvres et de commandes ainsi que l’accumulateur (système qui stocke de l’énergie gravitaire permettant la mise en mouvement). Un système de téléconduite sera installé, il sera sécurisé par un système local. Voici la liste des travaux prévus :
- Réfection du système de manœuvre existant
- Réfection du réseau hydraulique existant
- Remplacement de la couronne de manœuvre
- Remplacement de la chaine
- Remplacement du chemin de roulement et les galets de la culasse
- Rénovation de l’ensemble des presses (basculement, rotation, pivot)
Pourra-t-on encore, après les travaux de rénovation, manœuvrer le pont depuis la cabine historique ?
Le pont sera alors manœuvré depuis le centre de téléconduite situé au dernier étage des locaux de Ports de Normandie, quai du Carénage. Cela permettra une mutualisation de la conduite avec celle des autres ouvrages du port de Dieppe (passerelle transmanche, pont Ango, porte à flot, passerelle Rolland), et donc à tous les conducteurs d’ouvrage d’adopter un rythme de travail qui ne soit plus soumis à des horaires dictés par la marée. Cela permet également qu’ils ne soient plus isolés la nuit pour faire ce travail, et cela enrichit leur champ de compétences dans les domaines de l’électrotechnique et de l’informatique.
Cependant, la conduite manuelle sera préservée et pourra donc se faire, si besoin, depuis la cabine de conduite. Pour accueillir les nouveaux organes de commandes pour l’automatisation, le local sera agrandi en semi-enterré. Un contrôle régulier du fonctionnement de la manœuvre en manuel sera réalisé pour vérifier son bon fonctionnement et maintenir le savoir-faire des pontiers.
Pourquoi isolez-vous les conduits hydrauliques du pont ?
Le pont est manœuvré grâce à de la pression hydraulique. C’est de l’eau douce qui alimente ce circuit. C’est la raison pour laquelle chaque année, au mois de novembre, nous devons recouvrir le circuit hydraulique de fumier de cheval afin de mettre hors gel l’ensemble des canalisations d’eau douce du système hydraulique du pont.
Cette technique, employée depuis la construction du pont, reste le moyen traditionnellement utilisé pour garantir la pérennité du mécanisme pendant les mois d’hiver. Plus précisément, cela consiste à remplir de fumier de cheval des coffrages en bois préalablement mis en place autour des tuyaux et des vérins de manœuvre. Les presses de basculement sont quant à elles protégées par des isolants. Selon la qualité du fumier, celui-ci peut protéger pendant plusieurs mois le pont jusqu'à - 10 degrés. A partir de - 6 degrés, les agents de Port de Normandie doivent allumer et entretenir en permanence un brasero près du pivot.
Dans le cadre des travaux de réfection du pont, une isolation des circuits hydrauliques est prévue. Elle permettra d’éviter aux agents de Ports de Normandie cette opération assez pénible. En effet, deux nuits par an, 10 d’entre eux sont mobilisés pour répartir sur les canalisations 25m3 de fumier de cheval. Néanmoins, des solutions seront recherchées pour préserver l’aspect patrimonial de cette opération.
Faut-il déplacer le pont pour les travaux ?
Pour des raisons économiques cela semble la solution optimale.
En effet, le pont étant amianté et plombé, les opérations de décapage doivent faire l’objet de protection sous forme de cocons, et les échafaudages seront conséquents. Avoir la faculté de travailler en site propre isolé, non perturbé, avec des échafaudages fixes apporte sécurité et rapidité. Cela donne également la meilleure garantie de protection des riverains (pollution, mais aussi bruit : le sablage est très bruyant sur l’acier).
Néanmoins, conscients de la gêne occasionnée pour les usagers, les entreprises candidates pour les travaux pourront proposer des alternatives (pont laissé en circulation partiellement, travaux sur site…). Ces dernières seront évaluées quant à la gêne générée pour les riverains (bruit, circulations camions, …).
Le choix des élus prendra en compte le meilleur compromis gêne/coût.
Le pont semble très abimé. Quelle est l’ampleur des « dégâts » ?
Nous avons procédé à une identification de toutes les pièces endommagées nécessitant d’être remplacées (en rouge sur le plan ci-dessous). Nous allons procéder au remplacement à l’identique de 125 tonnes de matière. L’esprit de la restauration d’un ouvrage est de conserver un maximum de pièces d’origines tout en maintenant la conception et les techniques d’antan. En fonction de la quantité de matière à remplacer par portique, la méthode d’intervention se fera de la façon suivante :
- 30 % : réparation par soudure
- 70 % : rivetage à chaud
- 30 % / 70 % : mix de soudure et rivetage (au cas par cas, soumis à l’architecte du patrimoine)
De quelle couleur sera le pont ?
Le choix de la couleur n’est pas arrêté. Pour cela, nous avons plusieurs pistes :
- Un plan de 1919 présente les aciers en gris bleu
- Sur site, on trouve des traces de peinture verte en sous-couche
- La couleur actuellement visible – grise
Nous allons tenter de retrouver les différentes strates de peinture. En fonction de ce que nous allons trouver, nous soumettrons à la DRAC et aux membres du Comité de pilotage une palette de peinture au sein de laquelle ils pourront choisir.
A quoi sert le Comité de pilotage du projet ?
Le Comité de pilotage sert à acter les choix pour la conduite du projet, notamment pour arrêter le programme de travaux, l’enveloppe budgétaire et le calendrier de l’opération. Il est composé d’élus représentant les différentes collectivités impliquées dans ce projet (Région, département, agglomération Dieppe Maritime et Ville de Dieppe) ainsi que l’architecte du patrimoine.